Question ambiance, le cabinet vétérinaire du "comportementaliste" n'avait rien à voir avec celui de notre praticien habituel.
- Cela ne doit pas être donné la consultation, siffla Cassie entre ses dents
Cela faisait , en effet, plutôt cossu. Personne dans la salle d'attente, et d'ailleurs il n'y eut pas d'attente ... A peine arrivées et sorties de nos paniers, une assistante pria nos maîtres de la suivre dans le cabinet de consultation. La ponctualité est la politesse des rois; un bon point pour le psychattes.
Nos lecteurs ne seront pas surpris de savoir que nous avions soigneusement préparé notre visite. Ce qui caractérise les membres du chat club est en effet, la préparation et l'anticipation. Cela permet le moment venu de ne pas être pris au dépourvu.
Pour cela, nous avions potassé pour savoir comment se passerait la consultation et ainsi adapter notre attitude...
Le cabinet nous fit d'emblée une excellente impression. Il se partageait en deux parties, le cabinet proprement dit, avec un bureau ancien du meilleur effet. Parme identifia le style Louis Philippe.
- Je crois plutôt que c'est Second empire la contredit Cassie.
Il y avait aussi, une partie salle d'examen tout à fait classique, avec les instruments habituels.
Le professionnel avait évité la décoration traditionnelle des cabinets, avec des posters de fabricants d'aliments pour chiens et chats, de médicaments ou de mièvres photos d'animaux et d'enfants.
Cassie reconnut Paul Klee et Kandinski, dans de très jolis cadres. Il y avait aussi une très belle bibliothèque remplie d'ouvrages qui ne semblaient pas parler que d'animaux. Le livre rouge de Karl Jung était posé sur un chevalet. Le vétérinaire était donc amateur de mandalas comme nos chartreuses.
- Je me demande si les maîtres ne se sont pas trompé de professionnel. Ils ont dû confondre l'adresse de leur psychiatre avec celle du vétérinaire, déclara Parme.
Les maîtres s'installèrent dans deux fauteuils en nous gardant sur leurs genoux. Il semblaient comme intimidés.
- Ainsi donc ces deux petites merveilles sont Parme et Cassie, déclara le vétérinaire d'une très belle voix grave.
Il ressemblait au Dr Sobol dans Mafia Blues.
Nous restâmes impassibles. Ce type d'entrée en matière pouvait cacher de sombres desseins et il convenait de ne pas baisser la garde. Comme nous l'avions prévu, cela commença par un entretien au cours duquel nos maîtres durent exposer les motifs du rendez vous.
Cet entretien fut une sorte d'épreuve pour lutter contre le fou-rire qui ne manqua pas de nous envahir, à l'énoncé de nos soi-disant problèmes de comportement.
Nos maîtres avaient établi une liste avec même quelques dates pour récapituler l'ensemble. Cela nous rappela de bons souvenirs: notre période rap, l'entraînement à la survie etc...
A plusieurs reprises, nous réfrénâmes un "objection votre honneur", tant la présentation des faits était tendancieuse et visait à nous faire passer pour deux agitées du bocal.
Le vétérinaire prenait des notes et posait des questions quand il lui semblait qu'un point méritait d'être éclairci.
Quand les maîtres eurent fini, ils arboraient une expression de satisfaction.
